Comment être une fille libre de soi-même en 1788, quand la condition noble vous contraint à l'obéissance et que la montagne vous isole des rumeurs du royaume ? Et comment accomoder ses volontés d'indépendance aux exigences d'une passion folle ? La jeune Mathilde de Florelle-Moissac et son amie paysanne, Catherine, affronteront bien des épreuves, pendant cette période de mutations extraordinaires, avant d'accomplir leur destin. Car le Haut-Cantal aux prats si verts et si paisibles recèle aussi l'orage et la misère, l'écir et la révolte. Et les loups n'y ont pas toujours quatre pattes... Quand débute la Révolution, le haut pays d'Auvergne reste fortement entaché de féodalité et d'une sauvagerie plus ancienne encore. Mais un esprit de liberté instinctif, qu'exhale peut-être l'air des sommets ronds, lui permettra paradoxalement d'adopter les idées des Lumières. Témoin des moments-clefs de cette première année cruciale, Mathilde découvrira à travers des personnages pittoresques les préventions et les chances de ce pays rude, auquel ses habitants demeurent viscéralement attachés. Cependant, la Nature, au fil des saisons, module ses beautés, et l'Histoire se déroule inexorablement. Mais quel sombre secret tourmente le mystérieux cavalier surgi des flammes ?
EXTRAIT
- Mademoiselle, c'est le feu ! Le feu est à Tsalarouque !
Mathilde de Florelle-Moissac se dressa sur son séant et repoussa les battants de son lit-placard. Catherine lui apparut alors, en chemise, son calel à la main, au milieu d'étranges clartés qui dessinaient sur les murs les objets de la pièce en silhouettes mouvantes. Sans un mot, elles jetèrent une saïle sur leurs épaules et s'enfoncèrent dans l'obscurité traversée de lueurs rougeâtres.
C'était le milieu de la nuit, pourtant, en approchant de l'incendie, on se serait cru aux heures du couchant, lorsque les derniers rayons du soleil se teintent d'or et de pourpre. L'air frais qui avait fait frissonner les deux femmes à leur sortie avait laissé place à une chaleur sèche, tandis que les parfums d'herbe mouillée et de terre fraîchement retournée disparaissaient sous une odeur de fumée et qu'une rumeur sourde emplissait la nuit.
Mathilde courait presque et Catherine avait peine de la suivre. Enfin, au détour du chemin, elle s'arrêta court et Catherine put la rejoindre. Elle aussi se figea, le spectacle était extraordinaire.
L'oustal Tsalarouque flambait sur une hauteur, du chemin en contrebas, il paraissait gigantesque, tel un mur de feu montant jusqu'au ciel. Le toit de chaume s'était embrasé d'un seul coup, les flammes projetaient très haut des escarbilles qui retombaient alentour. Le feu assourdissait à son ronflement la foule frappée de stupeur, car le village tout entier se tenait là, de partout accourraient des ombres à demi-vêtues qui bientôt reculaient, immobiles, impuissantes. Seuls, quelques hommes veillaient à ce qu'un brandon ne communiquât pas le feu aux buissons proches, heureusement, la maison était à l'écart du bourg.
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MATHILDE OU LES ÉCRIS DE LA PASSION
240 Pages
Format : 16,5x24cm
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